Le Placement sous surveillance électronique mobile (PSEM) a été créé par la loi du 12 décembre 2005 relative au traitement de la récidive des infractions pénales. Il présente d’emblée une double nouveauté : technique parce qu’il repose sur une technologie de géolocalisation (GPS) et juridique parce qu’il s’inscrit dans le renouveau des mesures de sûreté. Il s’agit donc de savoir jusqu’à quel point il représente une rupture de notre modèle pénal. Plus précisément, le PSEM semble s’adresser à un personnage très différent du sujet pénal classique, ni sujet responsable de ses choix, ni objet responsable de son anormalité, ce nouveau personnage est un sujet qui doit prendre en charge sa dangerosité objective. Ensuite, cette surveillance électronique produit un nouvel espace-temps pénal, celui d’une traçabilité permanente pour un temps indéterminé. Enfin, le PSEM révèle avec force les lignes de tension d’un travail social pénitentiaire dans sa reconversion en probation sécuritaire. Au final, cette mesure, pour l’instant peu utilisée, éclaire les ambiguïtés de notre actualité pénale, à la fois postmoderne et archaïque.
Ce texte est le résultat d’une recherche menée pendant deux années (2009-2010) au sein du Centre interdisciplinaire de recherche appliquée au champ pénitentiaire (CIRAP) qui fait partie de l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire.
Il s’agit d’un texte particulier que j’ai qualifié « d’enquête de philosophie pénale ». Une enquête « philosophique », c’est déjà assez étrange, et de « philosophie pénale », encore plus. Pourtant, je crois à la fertilité du croisement entre un travail conceptuel critique sur l’évolution des catégories pénales et une enquête de terrain sur le fonctionnement d’un dispositif très précis, exemplaire des évolutions sécuritaires récentes.
Finalement, malgré l’inscription institutionnelle très particulière de ce centre de recherche, j’ai pu, je crois, écrire ce que j’ai pu et voulu. Grâce, en particulier, à l’indépendance de pensée des travailleurs sociaux pénitentiaires que j’ai rencontrés.